Aujourd'hui, je prends souvent la parole en public, et ces voix négatives sont toujours présentes. Bien qu'elles soient généralement plus modérées qu'avant, je persiste à me remettre en question, à me demander si je suis assez intelligente et à ne pas me féliciter de ce que j'ai accompli. Les gens ont beau me répéter que je fais un travail remarquable, je m'obstine à ne pas les croire.

Ce phénomène porte en réalité un nom : le syndrome de l'imposteur (SI).

Qu'est-ce que le syndrome de l'imposteur ?

L'expression « syndrome de l'imposteur » est apparue à la fin des années 1970 sous la plume de deux psychologues à la suite d'une étude portant sur 150 femmes très accomplies qui confessaient se sentir régulièrement dépourvues d'intelligence et indignes, en dépit de leur réussite. Le SI se caractérise par une perte de confiance en soi, induite par une remise en question de ses compétences et de ses connaissances.

Aujourd'hui, le SI sert à décrire des personnes très performantes, mais incapables d'intérioriser leurs succès de peur d'être taxées d'« imposture ». Au cœur de ce phénomène se trouve la peur que quelqu'un finisse par découvrir une sorte d'imposture intellectuelle chez vous. Le SI présente des caractéristiques différentes selon les personnes : il peut prendre la forme d'une voix discrète et agaçante qui surgit dans les situations difficiles ou d'un handicap paralysant qui empêche quelqu'un de réaliser ses rêves.

Le SI pousse les individus à se sur-préparer et, en même temps, à procrastiner. Il est tapi dans les esprits et accapare un espace mental précieux qui pourrait servir à résoudre des problèmes difficiles, à poursuivre la carrière de ses rêves ou à se concentrer sur sa vie de famille.

Lorsque le mode SI tourne en arrière-plan dans votre esprit, il vous épuise, ainsi que vos amis, vos collègues et vos proches.

Vous pensez peut-être que votre tendance au sentiment d'imposture vous a conduit là où vous en êtes aujourd'hui, mais cette vision du SI ne tient pas la route. Le succès d'un imposteur résulte de son désir de se préserver de la honte. Une étude de Frontiers in Psychology a par ailleurs montré que le SI était corrélé à de piètres performances professionnelles, à une baisse de motivation dans la planification de carrière, à une diminution de l'intérêt pour les postes à responsabilités, à une baisse de la satisfaction au travail et à une plus forte propension à se cantonner à un emploi sans perspective d'évolution. Enfin, le SI vous prend votre énergie et ne vous apporte rien, si ce n'est des émotions négatives et une perception erronée de vous-même.

Comment vaincre le syndrome de l'imposteur ?

Heureusement, on peut vaincre le SI, à condition d'en comprendre les enjeux exacts. Vous trouverez ci-dessous trois mesures pour combattre ce syndrome :

1. Reconnaître et assumer ses sentiments

Le sentiment d'imposture est un phénomène courant lors du développement humain et, pour la majorité des individus, il tend à se dissiper avec le temps. Dites-vous que c'est l'un des avantages à prendre de l'âge. Aussi est-il préférable de simplement l'accueillir lorsqu'il se manifeste et de comprendre que vous changerez probablement de point de vue. Nous sommes tous confrontés à ces sentiments à des degrés différents, mais ils ne définissent en rien notre personnalité.

2. Identifier les éléments déclencheurs du sentiment d'imposture

Posez-vous la question. Avez-vous récemment pensé que vous étiez un imposteur ? Ce sentiment peut se manifester de plusieurs manières :

• Lorsque vous songez à relever un nouveau grand défi pour votre clinique.
• Lorsque vous vous heurtez à une difficulté et que vous ne parvenez pas à la surmonter.
• Lorsque vous transmettez vos dossiers à un spécialiste.
• Lorsque vous avez échoué ou que vous rencontrez un vétérinaire que vous jugez plus compétent que vous.

En identifiant ces éléments déclencheurs, vous pourrez mieux vous armer pour affronter les pensées négatives ou les sentiments d'imposture en cas de récidive.

3. Rester fidèle à soi-même

Vous remarquerez que moins vous accordez d'attention à ces pensées et à ces sentiments négatifs, plus ils perdront de leur importance et se calmeront. En attendant, même si vous pensez ne pas être une personne compétente, jouez le jeu jusqu'à ce que vous y parveniez. Acquérir de l'expérience ne peut qu'être bénéfique. Lorsque j'ai décroché mon premier poste de conférencière, je ne m'étais jamais exprimée devant une assemblée, jamais. J'étais terrifiée, mais j'ai fait abstraction de mes émotions, consciente que ma liberté se cachait derrière ma peur.

Enfin, il n'y a aucune honte à faire appel à un professionnel ou à se faire épauler par un mentor. Ce métier est exigeant et nous ne parlons pas suffisamment de la santé mentale. Si vous pensez souffrir du SI, n'hésitez pas à prendre contact avec nous pour vous faire accompagner.