Comment distinguer le lymphome à cellules B du lymphome à cellules T chez le chien

Si en anglais, on a l'habitude de dire « B is better, T is terrible » (B est bon, T est terrible), c'est que le lymphome à cellules B a tendance à être plus réactif au traitement que le lymphome à cellules T, et les chiens atteints d'un lymphome à cellules T sont plus susceptibles d'être hypercalcémiques et de présenter des signes de maladie au moment du diagnostic ou de la rechute. La différenciation des lymphocytes B des lymphocytes T ainsi que l'identification de variantes de lymphocytes B plus agressifs et de lymphocytes T indolents parmi des dizaines de sous-types sont souhaitables pour fournir des soins optimaux aux patients et pour bien communiquer avec les clients1. Voici ce que vous devez savoir sur le rôle des lymphocytes dans la fonction immunitaire, la détermination des immunophénotypes et l'impact des immunophénotypes sur le traitement.

Le rôle des cellules B et T dans les réponses immunitaires

La fonction immunitaire est divisée en immunité innée et immunité adaptative. Les réponses immunitaires innées sont les défenses de première ligne contre les agents pathogènes et comprennent les barrières anatomiques et physiologiques, les phagocytes et les cellules tueuses naturelles, ainsi que l'inflammation. Le système immunitaire inné réagit à des modèles moléculaires communs à tous les agents pathogènes ou causés par des lésions tissulaires2.

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En revanche, les réponses immunitaires adaptatives ciblent des antigènes spécifiques à un pathogène particulier et sont générées par les lymphocytes. Les lymphocytes se développent dans les organes lymphoïdes primaires, notamment la moelle osseuse, le thymus et le foie fœtal, et s'activent dans les organes lymphoïdes secondaires, tels que la rate, les amygdales, les ganglions lymphatiques et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses.

Le système immunitaire adaptatif peut « se souvenir » des antigènes qui ont été détectés précédemment et être déclenché pour réagir rapidement si cet antigène est à nouveau rencontré grâce à la libération d'anticorps (immunoglobulines) par les cellules B. Certaines cellules T travaillent avec les cellules B pour stimuler cette réponse immunitaire (cellules T auxiliaires CD4+), tandis que d'autres tuent directement les cellules infectées par des agents pathogènes (cellules T cytotoxiques CD8+). Le système immunitaire adaptatif peut également différencier le « soi » (les propres cellules de l'animal) du « non-soi » (les agents pathogènes et parfois le cancer).

Le rôle principal des cellules T est d'interagir avec les molécules du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) qui amènent les antigènes de l'intérieur de la cellule à la surface de la cellule. Si des antigènes étrangers ou des antigènes tumoraux anormaux sont détectés, les cellules T peuvent déclencher la destruction de la cellule. Les cellules T peuvent être activées pour remplir de nombreux autres rôles, notamment le recrutement d'autres types de globules blancs, la stimulation des réponses inflammatoires et même la suppression de l'inflammation et des réponses immunitaires2.

Méthodes d'immunophénotypage dans le lymphome canin

Le type de lymphocyte peut être identifié par la détection de différents antigènes. Les lymphocytes B expriment généralement les antigènes CD79a, CD20, CD21 et PAX5, tandis que les lymphocytes T expriment généralement CD3, CD5 et CD4 ou CD81,3. Une biopsie histopathologique associée à l'immunohistochimie (IHC) est considérée comme la référence pour le diagnostic du lymphome, mais d'autres méthodes sont moins invasives et peuvent être plus rentables1. Différentes méthodes peuvent être utilisées pour détecter ces antigènes à partir de différents échantillons, notamment :

  • Immunocytochimie (ICC) ; réalisée sur des lames de cytologie)
  • Immunohistochimie (IHC) ; réalisée sur des coupes histologiques)
  • Cytométrie de flux (réalisée sur des cellules vivantes prélevées à partir d'aspirations à l'aiguille fine, de sang, de moelle osseuse ou d'épanchements)
  • Un test sanguin qui détecte un biomarqueur circulant spécifique du lymphome canin

La PCR pour les réarrangements des récepteurs d'antigènes (PARR) ne détecte pas les antigènes, mais plutôt les gènes des récepteurs des cellules T (TCR) ou des immunoglobulines (cellules B). Lorsqu'un seul gène TCR ou gène d'immunoglobuline est détecté, on parle de population clonale et il est probable qu'un cancer soit présent. Si plusieurs gènes TCR ou gènes d'immunoglobuline sont détectés, on parle de population polyclonale, ce qui signifie qu'il s'agit moins probablement d'un cancer et plus probablement d'une réponse immunitaire normale1.

Traitement des chiens atteints de lymphome

La chimiothérapie à base de CHOP, ou chimiothérapie utilisant généralement une combinaison de quatre types de médicaments (cyclophosphamide, hydroxydaunorubicine [doxorubicine], Oncovin [vincristine] et prednisone), est considérée comme la norme de soins pour les lymphomes canins agressifs1. Les chiens atteints d'un lymphome à cellules B ont tendance à répondre mieux et plus longtemps au traitement par CHOP par rapport aux chiens atteints d'un lymphome à cellules T. Dans une étude, les chiens atteints d'un lymphome à cellules B traités par CHOP ont eu une durée de réponse médiane de 252 jours, ce qui signifie que la moitié des chiens ont vécu aussi longtemps ou plus4 , contre 146 jours5 pour les chiens atteints d'un lymphome à cellules T dans une autre étude.

L'immunophénotypage par IHC ou cytométrie de flux peut identifier des formes indolentes ou moins agressives de lymphome à cellules T comme le lymphome de la zone T, ou des formes plus agressives de lymphome à cellules B. Le lymphome de la zone T est un lymphome inhabituel observé plus souvent chez les golden retrievers qui peut toucher quelques ganglions lymphatiques, tous les ganglions lymphatiques ou le sang. Les lymphomes de la zone T expriment une variété d'antigènes des cellules T (CD3+, CD4+, CD25+), mais la plupart n'expriment pas CD456,7. La durée médiane de survie des chiens atteints d'un lymphome de la zone T dans une étude était de 637 jours6 contre 159 jours pour les chiens atteints de lymphomes à cellules T plus typiques et plus agressifs dans une autre étude8. Le lymphome de la zone T n'est généralement pas traité par CHOP, donc l'identification de cette forme de lymphome modifie souvent la recommandation de traitement initiale.

Bien que la plupart des lymphomes à cellules B aient un meilleur pronostic et entraînent une meilleure réponse au traitement que les lymphomes à cellules T, certains sont associés à des résultats plus défavorables. La cytométrie de flux permet de détecter l'expression du CMH de classe II (CMH-II), qui est important dans la reconnaissance des cellules par le système immunitaire. Les lymphomes à cellules B avec une faible expression du CMH-II ont un pronostic plus sombre chez les chiens (survie médiane de 120 jours ou plus par rapport à 314 jours pour les lymphomes à expression élevée du CMH-II), et cela est également observé chez les personnes atteintes d'un lymphome à cellules B9. Cela est dû au fait que les cellules cancéreuses ayant une faible expression du CMH-II peuvent échapper à la détection et à la destruction par le système immunitaire9.

Optimiser les taux de réussite

« B est bon, T est terrible » est une simplification exagérée de la nature complexe du lymphome canin, mais peut néanmoins être un rappel utile comme guide lors du diagnostic. Tout au long du diagnostic, de nombreux outils de caractérisation et d'immunophénotypage sont disponibles, notamment la cytologie, l'histologie, l'IHC, l'ICC, le PARR et la cytométrie de flux. L'immunophénotypage peut aider à orienter les conversations avec les propriétaires sur les options de traitement et le pronostic des chiens atteints de lymphome. Connaître l'immunophénotype du lymphome d'un chien permet aux vétérinaires d'établir un pronostic plus juste et de clarifier les attentes des propriétaires en matière de traitement et de résultats1.

Références

1. Vail DM, Pinkerton M, Young KM. Hematopoietic Neoplasia. Withrow and MacEwen's Small Animal Clinical Oncology, 6e édition. Édité par Vail DM, Thamm DH, Liptak JM. Elsevier, 2019, pp 688-772.

2. Snyder, P.W. Diseases of Immunity. Pathologic Basis of Veterinary Disease, 7e édition. Édité par Zachary, JF. Mosby, 2021, pp 295-340.

3. Rout ED, Avery PR. Lymphoid neoplasia: correlations between morphology and flow cytometry. Vet Clin North Am Small Anim Pract 2017; 47(1):53-70 doi: 10.1016/j.cvsm.2016.07.004.

4. Childress MO, Ramos-Vara JA, Ruple A. Retrospective analysis of factors affecting clinical outcome following CHOP-based chemotherapy in dogs with primary nodal diffuse large B-cell lymphoma. Vet Comp Oncol 2018; 16(1):E159-E168. doi: 10.1111/vco.12364

5. Rebhun RB et al. CHOP chemotherapy for the treatment of canine multicentric T-cell lymphoma. Vet Comp Oncol 2011; 9(1):38-44 doi: 10.1111/j.1476-5829.2010.00230.x

6. Seeling DM, et al. Canine T-zone lymphoma: unique immunophenotypic features, outcome, and population characteristics. J Vet Intern Med 2014; 28(3);878-886. doi: 10.1111/jvim.12343

7. Stein L, Bacmesiter C, Kiupel, M. Immunophenotypic characterization of canine nodal T-zone lymphoma. Vet Pathol 2020; 58(2):288-292. doi: 10.1177/0300985820974078

8. Avery PR et al. Flow cytometric characterization and clinical outcome of CD4+ T-cell lymphoma in dogs: 67 cases. J Vet Intern Med 2014; 28(2):538-546. doi: 10.1111/jvim.12304

9. Rao S et al. Class II major histocompatibility complex expression and cell size independently predict survival in canine B-cell lymphoma. J Vet Intern Med 2011; 25(5):1097-105. doi: 10.1111/j.1939-1676.2011.0767.x