Conseils de gestion du stress pour améliorer le bien-être des vétérinaires

D'après un sondage de 2021 réalisé par CMI Research, les niveaux de stress continuent d'augmenter chez les vétérinaires. Cela souligne la nécessité de proposer et d'appliquer des conseils en lien avec la gestion du stress dans les cliniques. Sur plus de 800 vétérinaires professionnels ayant répondu au questionnaire, 20 % ont indiqué être « très stressés » alors qu'ils n'étaient que 8 % avant la pandémie COVID-19, et 38 % ont déclaré être « stressés » comparé à 32% avant la pandemie.

Ces statistiques semblent mettre en évidence un problème de santé psychologique que l'on retrouve au sein de la profession vétérinaire depuis bien avant 2020, mais qui n'a fait qu'empirer avec la pandémie. Par conséquent, les vétérinaires partout dans le monde ont besoin d'un soutien psychologique plus important pour améliorer le bien-être au travail. Afin de prendre efficacement en charge ce stress, il est tout d'abord essentiel d'identifier les principaux facteurs y contribuant :

  • L'épuisement compassionnel, les conflits éthiques, la détresse morale et un manque de formations permettant de faire face à ces problèmes.
  • Le mauvais équilibre entre vie pro et perso, des journées de travail très longues et une isolation sociale.
  • Des dettes élevées liées aux études.
  • Le harcèlement en ligne et à la clinique.
  • Le manque de communication et de formation à la pleine conscience.
  • Une tendance accrue au perfectionnisme inadapté, à se focaliser sur la réussite et au syndrome de l'imposteur.
  • Une exposition régulière à la mort.
  • Une sollicitation des vétérinaires plus importante depuis 2020.

Que pouvez-vous faire si vous êtes vétérinaire et que vous vous sentez très stressé ? Voici trois conseils qui peuvent vous aider à mieux gérer votre stress.

1. Prenez soin de vous

Si vous êtes comme la plupart des vétérinaires, vous avez un grand cœur et une tendance à donner beaucoup de votre personne, peut-être même trop. Aussi, lorsqu'il est question de vous écouter et d'éviter un burn-out, vous pourriez vous dire :

  • Cela semble égoïste.
  • Je n'ai pas le temps.
  • Je n'ai pas l'argent.
  • Je ne peux pas prendre soin de moi alors que tout le monde a besoin de mon attention.

Moi aussi, je pensais ainsi jusqu'à la fin de la trentaine, période où j'ai fini par faire un burn-out. Je me suis alors rendu compte que prendre soin de soi n'est pas égoïste, c'est un élément essentiel à la survie. Par ailleurs, les excuses que nous utilisons pour nous y dérober sont des mensonges que nous avons pour la plupart été conditionnés à croire. Vous pouvez en faire le constat à chaque fois que vous demandez aux vétérinaires comment ils vont. La plupart d'entre eux répondent « Je vais bien. Beaucoup de travail, fatigué, mais je vais bien ». En effet, dans la culture vétérinaire, nous faisons preuve de notre vertu en expliquant à quel point nous sommes occupés et fatigués.

Prendre soin de soi, c'est reprendre en main son atout le plus important : soi-même. Aussi, lorsque l'on cherche à donner la priorité au bien-être sur le lieu de travail et à mieux gérer son stress, prendre soin de soi est la première chose à faire.

2. Essayez la pleine conscience

La pleine conscience est la capacité élémentaire à être entièrement présent, conscient d'où l'on se trouve et de ce que l'on fait, sans se sentir dépassé ou à fleur de peau. Lorsque vous atteignez la pleine conscience, vous êtes davantage ancré dans le moment présent et moins affecté par les regrets de vos actions passées et l'anxiété de ce qui est à venir.

Les exercices de méditation de pleine conscience :

  • renforcent la résilience,
  • réduisent le stress,
  • aident à mieux gérer les douleurs chroniques,
  • accroissent la lucidité, la conscience et la flexibilité cognitive,
  • développent la compassion et l'empathie.

Outre ces nombreux bénéfices, la pleine conscience vous aide aussi à mieux reconnaître les pensées nocives qui polluent votre esprit et vous rendent stressé, malheureux.

Lorsque j'ai commencé la pleine conscience, je me suis rendu compte que mes préoccupations tournaient en boucle dans mon esprit, influençaient mes convictions sur le monde et tissaient un récit négatif qui dirigeait ma vie. Mes pensées m'assaillaient : « Je n'ai pas assez d'argent ; il faut que je fasse tout ça moi-même ; je ne peux pas faire confiance aux autres ; le monde n'est pas un endroit sûr ; je suis victime des autres ; je ne suis pas libre ».

Pratiquer la méditation de pleine conscience grâce à des exercices est une façon de briser ce cercle vicieux. Il vous suffit d'apprendre à y accéder. Parmi les clés qui vous y aideront, il y a :

  • Les exercices de respiration pour le stress, à faire pendant quelques minutes par jour.
  • Noter ses pensées et ce que l'on ressent sur le moment tout en s'en détachant.
  • La méditation, qu'elle soit guidée, libre, transcendantale, chantée, marchée ou qu'elle s'inscrive dans le cadre d'une routine d'entraînement pour améliorer le bien-être au travail.

3. Adoptez les quatre « R »

Créée par des infirmiers/infirmières, la stratégie des quatre « R » a été largement utilisée en médecine humaine afin de réduire le stress dans des situations susceptibles d'engendrer une détresse morale. La prochaine fois que vous faites face à une situation stressante, essayez d'appliquer les quatre « R » :

  1. Reconnaître. Ayez conscience des difficultés vécues par le patient, le client et l'équipe de soins vétérinaires. Identifiez les souhaits et les espoirs de chacun ainsi que les émotions à même d'affecter leur perspective. Reconnaissez la situation pour ce qu'elle est vraiment.
  2. Relâcher. Identifiez les facteurs que vous pouvez influencer et ceux qui échappent à votre contrôle. Ne cherchez plus à maîtriser l'issue de chaque situation ; concentrez-vous plutôt sur ce que vous pouvez réellement contrôler : vous-même.
  3. Réévaluer. Une fois que vous avez réussi à lâcher prise, il convient d'aborder la situation avec un nouvel état d'esprit. Il vous faudra peut-être reformuler un problème pour le voir sous un angle nouveau.
  4. Recommencer. Vous en arriverez peut-être à vous poser de nouvelles questions ou à avoir de nouvelles idées afin de débloquer la situation et d'arriver à un résultat positif. Posez-vous les questions suivantes :
    • À quel point le changement des conditions de travail est important pour vous ?
    • Dans quelle mesure un changement aurait-il des répercussions sur vos patients, vos clients et votre clinique ? 
    • Vous sentez-vous capable de faire changer les choses ? 
    • Êtes-vous réellement déterminé à appliquer ce changement de conditions de travail ?

Appliqués au quotidien, ces conseils vont vous aider à réduire le stress et l'épuisement professionnel, à apprécier de nouveau votre travail et votre vie, à accroître votre productivité et, en fin de compte, à mieux prendre soin des animaux et des personnes que nous aimons tant.

Sarah Wooten
DVM, CVJ

Diplômée en 2002 de l’école de médecine vétérinaire de l’UC Davis (université de Californie), Dr Sarah Wooten est une influenceuse bien connue dans le secteur vétérinaire et celui du bien-être animal. Elle bénéficie de plus de 10 ans d’expérience en communication et les médias, et écrit pour un grand nombre de revues, au format numérique ou papier, traitant de la santé animale. Dr Wooten s’exprime sur le sujet de l’éducation dans le domaine vétérinaire depuis 2015 et partage ses connaissances sur des thèmes tels que le leadership, la communication client et le développement personnel. Elle porte également la casquette de journaliste vétérinaire certifiée, est membre de l’AVMA et est forte de 16 ans d’expérience en médecine vétérinaire des animaux de compagnie. Sarah Wooten a aussi co-créé le très populaire jeu de cartes « Vets Against Insanity ». Quand l’heure est à la détente, on peut la retrouver en train de dévaler les pistes de ski du Colorado ou de plonger en compagnie des requins dans les Caraïbes. Sa devise : « À fond ou rien ». Pour en savoir plus, consultez son site web : drsarahwooten.com. Les avis exprimés dans ce texte sont ceux des auteurs uniquement et ne reflètent pas nécessairement les avis de The Vetiverse ou d’IDEXX.