Favoriser le développement durable dans les soins vétérinaires écoresponsables

Au lendemain du Jour de la Terre, vous êtes-vous demandé comment, en tant que vétérinaire, vous pouviez contribuer au développement durable ?

Personne ne peut le nier : les soins de santé, vétérinaires ou humains, sont lourds de conséquences pour l'environnement. Heureusement, des mesures peuvent être prises en vue de réduire ces nuisances tout en préservant la santé des patients et la qualité des soins vétérinaires.

Que vous fassiez déjà partie d'une équipe « écoresponsable », que vous ayez mis en place une stratégie environnementale au sein de votre clinique ou que vous commenciez à peine votre voyage vers le développement durable dans le monde de la médecine vétérinaire, découvrez comment votre équipe et vous pouvez agir en faveur de l'environnement.

Trois solutions pour réduire votre empreinte écologique en tant que vétérinaire

Si vous ne changerez évidemment pas la donne en matière de développement durable du jour au lendemain, vous pouvez néanmoins considérer les mesures suivantes pour ouvrir la voie vers un avenir plus durable en tant que professionnel de la médecine vétérinaire.

1. Optez pour l'anesthésie à bas débit ou pour un nouvel anesthésique

Parlez-en à votre équipe d'auxiliaires et encouragez-la à opter pour une anesthésie à bas débit afin de réduire les déchets gazeux — de puissants gaz à effet de serre — et à cesser toute utilisation de protoxyde d'azote. Pensez également à vous organiser en amont et à prendre des décisions rapides afin d'éviter les anesthésies prolongées ou évitables tout en limitant la quantité de déchets gazeux. L'anesthésie d'un chien par isoflurane pendant une heure émet autant de gaz à effet de serre que la circulation d'une voiture européenne de taille moyenne sur une distance de 20 kilomètres.

Dans la mesure du possible, privilégiez des médicaments et des méthodes permettant de limiter l'utilisation d'agents volatils, notamment par le biais d'une prémédication et d'une analgésie adaptées, comme les bolus, l'anesthésie partielle par voie intraveineuse, ou les anesthésiques locaux/régionaux. Préférez le sévoflurane à l'isoflurane. S'il est moins puissant que l'isoflurane, son empreinte carbone et son influence sur le réchauffement climatique sont nettement plus faibles. Contrôlez et entretenez régulièrement votre station d'anesthésie, votre vaporisateur et vos ventilateurs pour détecter toute fuite ou tout dysfonctionnement susceptible d'entraîner une augmentation du volume de déchets.

2. Pensez à l'empreinte carbone de votre bloc opératoire

En raison des retombées environnementales de l'anesthésie, des volumes importants de déchets et de l'utilisation de plastique à usage unique, les salles d'opération affichent des empreintes carbone élevées. Des gestes quotidiens visant à réduire l'empreinte carbone de votre salle d'opération peuvent toutefois améliorer la situation.

Une étude publiée dans le Journal of the American College of Surgeons révèle que les charlottes en tissu réutilisables présentent des caractéristiques supérieures à celles des charlottes jetables en termes de prévention des contaminations microbiennes. Les textiles chirurgicaux réutilisables pourraient donc améliorer la qualité des soins prodigués aux patients tout en limitant les risques pour l'environnement.

Une étude publiée dans l'AORN Journal a montré que les textiles réutilisables sont nettement moins nocifs pour l'environnement. Elle a permis de constater que, par rapport aux blouses jetables, les blouses réutilisables réduisaient la consommation d'énergie produite à partir de ressources naturelles, les émissions de gaz à effet de serre, l'utilisation d'eau potable et la quantité de déchets solides générés. Opter pour des champs opératoires réutilisables lors de certaines interventions propres et non urgentes peut également permettre de réduire le volume des déchets produits tout en garantissant le bien-être des patients. Tous ces efforts sont autant de bonnes actions au service de la lutte contre le changement climatique.

L'utilisation de brosses à récurer est aujourd'hui déconseillée. Après un premier lavage des mains en début de journée, optez plutôt pour une solution de nettoyage à base d'alcool. Cette méthode se montre plus efficace que les techniques de lavage traditionnelles et permet d'économiser de l'eau.

3. Utilisez les antibiotiques et les médicaments de manière raisonnable

La résistance aux antibiotiques figure parmi les enjeux sanitaires les plus importants et les plus urgents pour les humains comme pour les animaux.

Par conséquent, dans le respect de la santé et du bien-être des animaux, pensez à restreindre l'utilisation antibiotiques chez vos patients. Évitez toute utilisation inutile antibiotiques, y compris dans le cadre de mesures prophylactiques de routine ou de prescription préventive. Le cas échéant, appuyez vos prescriptions sur des diagnostics par culture ou sensibilité. Insistez particulièrement sur la réduction de l'utilisation d'antibiotiques tels que les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième génération. L'Organisation mondiale de la santé considère par ailleurs cette diminution comme étant « hautement prioritaire et d'une importance cruciale ».

Des solutions durables visant à prévenir les maladies et à préserver la santé et le bien-être des animaux, comme l'amélioration des conditions d'élevage et de gestion, la vaccination et la mise en place de programmes de soins préventifs permettent souvent de se passer antibiotiques.

Optimisez votre utilisation des médicaments en vous assurant de sélectionner et d'administrer des produits de manière réfléchie aux animaux nécessitant un traitement médical. Effectuez des examens, veillez à l'observance et conseillez vos clients pour minimiser les effets néfastes des traitements nécessaires sur l'environnement.

Le rôle des vétérinaires dans la promotion du développement durable

Les vétérinaires font le serment de « veiller à la santé et au bien-être des animaux qui leur sont confiés ». Attention toutefois à ne pas oublier les animaux dont vous ne vous occupez pas, mais qui subissent les conséquences de l'activité humaine ou encore ceux que vous pourriez involontairement affecter en cherchant à améliorer la santé, le bien-être et la qualité de vie de vos patients.

En tant que professionnel de la médecine vétérinaire, vous jouissez d'une position idéale pour appréhender la santé de l'homme, de l'animal et de l'environnement. Vous jouez un rôle majeur dans le changement, car vous exercez une influence dans de nombreuses sphères, notamment au sein de votre entourage, de votre foyer, de votre communauté (par le biais de votre lieu de travail, d'associations, etc.) et de la société en général. Les gens se montrent plus ouverts aux informations émanant de professionnels dignes de confiance. En tant que professionnel, vous disposez de connaissances scientifiques, de solides compétences en matière de communication, ainsi que de la confiance et de l'estime des communautés locales, acquises et renforcées par le biais de vos services. Par conséquent, vous — et tous les membres du secteur de la médecine vétérinaire — êtes particulièrement bien placés pour plaider en faveur d'un avenir meilleur et plus durable, en vous intéressant à la lutte contre le changement climatique, à la gestion des antimicrobiens et à l'utilisation raisonnée des ressources.

Laura Sullivan
DVM

Laura Sullivan, diplômée du Royal Veterinary College en 2009, est une chirurgienne vétérinaire chevronnée spécialisée en soins pour petits animaux. Tout au long de sa carrière, elle a occupé différents postes, notamment celui de vétérinaire, de vétérinaire remplaçante et de directrice clinique. En dehors de son activité vétérinaire, Laura l’entrepreneuse s’est donné pour mission d’aider les vétérinaires et les professionnels de la santé à se tourner vers le développement durable. Elle a fondé « All Scrubbed Up Scrub Hats », une petite entreprise spécialisée dans la fabrication de charlottes écologiques et réutilisables sur mesure pour les vétérinaires, les dentistes et les héros des soins de santé à travers le monde. Les avis exprimés dans ce texte sont ceux des auteurs uniquement et ne reflètent pas nécessairement les avis de The Vetiverse ou d’IDEXX.